Benito Jacovitti

Kamasultra

Nouvelle édition du chef-d'œuvre de Jacovitti, le dessinateur transalpin le plus exubérant de son temps, à partir de ses dessins réalisés pour le mensuel italien Playmen organisés thématiquement : d'Adam et Eve à la théorie du genre en passant par les couples à géométrie variable et quelques réjouissantes bestialités. Ce livre, indispensable à l'amateur d'érotisme loufoque autant que d'humour, alterne images baroques, vignettes délirantes et positions hallucinantes.

Cette relecture décapante et loufoque du sulfureux et mythique Kâma Sutra (traduit en 1883 au Royaume-Uni par Sir Richard Burton) n'a pas pris une ride. Pourtant, en dépit du sujet, le Kamasultra n'est pas non plus un ouvrage porno mais plutôt un jeu sur les codes d'une société dans laquelle le sexe est devenu une nouvelle religion. Un jeu dans lequel l'humour dévastateur, sarcastique de Jacovitti tord le cou aux images d'Epinal du surmâle italien, des plantureuses et voluptueuses beautés latines et de leurs supposées torrides prouesses érotiques. Oui, le Kamasultra est la version iconoclaste du Kâma Sutra, livre mythique et mythifié pour gens qui prennent l'érotisme très au sérieux entre manuel de survie, ouvrage médical et nec plus ultra des secrets de l'érotisme oriental.

Jacovitti se saisit de ce bestiaire amoureux qui fait fantasmer l'Europe depuis plus d'un siècle pour se livrer à une série de gags sur l'amour physique et une société qui prétend se décoincer (source inespérée de ridicules à moquer).

L'une des sections du Kamasultra s'intitule « Le livre des nœuds ». En effet, au gré des positions, les dessins tout en courbes et en nœuds (sic) de Jacovitti excellent à emboîter les corps, à les démembrer, les étirer au hasard d'improbables coïts. L'imagination proliférante du dessin jacovittien agrémente ces coïts fantasques de saucissons, insectes parasites, pénis ailés parfois pleins d'espoir, parfois dépités, parfois enchantés. Les images de Jacovitti sont ponctuées de saillies de Marcello Marchesi qui éclaboussent d'une rasade d'ironie la conformiste banalité porno-chic qui s'étale désormais dans les médias. Les nouveaux diktats de la jouissance à n'importe quel prix, en partie devenue objet commercial, en prennent aussi pour leur grade dans de savoureuses planches au titre évocateur de « Sex toys et attrapes ».

Découvrez cette nouvelle présentation d'une œuvre dont il existe autant de premières éditions que de versions différentes.  Celle-ci, la seconde en langue française qu'a composée Jean Annestay (la première était parue aux éditions Artefact en son temps), a bénéficié de plus de la contribution d'un des meilleurs spécialistes de Jacovitti en Italie, Gianni Brunoro.  Cette version érotico-irrévérencieuse, foldingue, stressée, ne recule pas devant le clin d'œil entre des époques en apparence assez éloignées (celle de Freud et celle du couple politico-médiatique  Sarko-Bruni) mais finalement si proches. Son contenu très mauvais genre n'a pas pris une ride.

Comme le déclarent Jacovitti et Marchesi : « Le plaisir sexuel est bref, la position ridicule et la dépense d'énergie absurde mais faites cependant avec et, vous verrez, ce n'est pas triste. »

Ce volume est le premier volet d'une intégrale des bandes dessinées érotiques de Jacovitti.

Parution : avril 2017

Édition courante

Format : 250 x 305 mm
Reliure : Cartonnée
104 pages couleurs

ISBN : 978-2-37650-003-2

Prix : 19,70 €