Gérard Dupuy
Monter haut, regarder loin
La montagne en Chine ancienne
Lieu magique et de méditation, la montagne chinoise nous invite à un véritable voyage intérieur. Au cœur des mythes fondateurs des origines du monde, elle est aussi bien là où les empereurs allaient faire revivifier leur mandat avec le ciel que d’importants lieux de pèlerinage aussi bien pour les taoïstes que les bouddhistes. Peuplée de divinités bienfaisantes ou dangereuses, elle jouera au fil des siècles un rôle très important dans les différents cultes religieux du royaume.
Dans ce texte clair et documenté, enrichi de superbes peintures inédites peu connues du public, Gérard Dupuy nous fait voyager à travers les cultures et nous dévoile l’imaginaire et la symbolique de ces montagnes célestes, nous offrant une véritable cartographie de ces lieux de pèlerinage aux nombreuses reliques, lieux de mémoire, de culte et de réalisation spirituelle.
À propos du livre
Le paysage prend forme sous le regard ; en Chine, la montagne en est un élément essentiel. Passionné de montagnes et de Chine, Gérard Dupuy nous invite à un voyage dans l’histoire de ce pays, sa géographie, et son imaginaire. Cet ouvrage introduit le lecteur aux sites montagneux les plus fameux de la Chine.
Cette étude bien documentée, rédigée dans un style alerte et concis, a le don, à partir d’une évocation de montagnes géographiques choisies, de nous emmener aussi bien dans l’histoire de la Chine dont les montagnes sont des lieux de pouvoir et de mémoire, que dans un véritable voyage intérieur, nous dévoilant l’imaginaire et la symboliques liés à la montagne, et sa représentation du monde en petit, comme le corps humain.
Gérard Dupuy révèle d’abord comment la montagne, qui joue un rôle fondamental dans les mythes fondateurs des origines du monde et dans son ordonnancement, acquiert une souveraineté et devient un lieu de pouvoir, tel le Taishan, situé dans la patrie de Confucius, où les empereurs allaient faire des sacrifices pour revivifier le mandat qu’ils avaient reçu du ciel. Elle constitue aussi un point d’ancrage fondamental de la mémoire d’événements et personnages célèbres.
Puis il présente l’imaginaire religieux des montagnes, lieux sacrés, peuplés de divinités bienfaisantes ou dangereuses, lieux de culte importants pour les bouddhistes et taoïstes, entretenus par des récits parachevant l’installation d’un paysage religieux. On voyage ainsi à travers les cinq pics sacrés du taoïsme, auxquels nombre d’empereurs rendaient un culte, les quatre montagnes sacrées du bouddhisme, lieux de pèlerinage, abritant pour certaines des reliques ou des images de Bouddha gravées dans les rochers.
Progressivement, se dévoile l’itinérance d’un voyage mystique, où la montagne attire en raison de la puissance spirituelle qu’elle y recèle. Corps cosmique, corps du méditant, matrice dans laquelle l’adepte se nourrit au lait des stalactites et renaît, accédant au paradis intérieur, la montagne possède une « vraie forme », celle de sa puissance dynamique invisible et néanmoins considérable.
Enfin, dans une résonance entre l’intérieur et l’extérieur, la montagne qui invite à une relation intime, tant sa beauté s’impose comme une évidence, devient un motif de prédilection des poètes et peintres qui méditent sur la montagne et expriment à travers elle leurs paysages intérieurs. Avec cet ouvrage, émaillé de traductions de très beaux textes, la montagne est prétexte à une libre randonnée, à la méditation, au retrait, à l’ascension mystique au cours de laquelle chaque pas, chaque détour, chaque moment de contemplation offre une vision et une réflexion sur le caché, le latent et le subtil.
Catherine Despeux
L’ouvrage de Gérard Dupuy réussit une brillante présentation et une excellente analyse de toutes les fonctions que la montagne a occupées dans la longue histoire de la Chine. Il envisage aussi bien son poids dans la géographie des territoires, dans l’économie et la politique que son imposante présence dans les arts de la peinture comme de l’écriture, illustrant son propos de multiples exemples pris dans les temps antiques et impériaux. Mais surtout il souligne la place éminente de la notion d’ascension dans l’imaginaire chinois depuis les origines de cette civilisation portée à la divinisation des sommets. C’est ici une œuvre, à ce jour unique, dans les études sinologiques qui marque durablement notre connaissance de la pensée et de la sensibilité des hommes vis-à-vis de ces paysages d’Extrême-Orient.
Rémi Mathieu