Ahmadou Bamba
Les chemins du paradis
Traduit de l’arabe par Abdallah Penot
Certains livres accompagnent une vie. Les chemins du Paradis du cheikh Bamba est de ceux-là. Non seulement il contient une somme d’enseignements auxquels chacun pourra venir se ressourcer, mais il saura éclairer la vie d’un croyant de façon simple et accessible à tous. De plus, il résume avec clarté les principes essentiels de l’islam que tout croyant se devrait de connaître. Pour ces seules raisons, il s’agit d’un ouvrage auquel on ne peut que se reporter au fil d’une existence. Mais ce ne sont pas les seuls de ses mérites. Il est de plus écrit dans une langue rimée qui permettra à l’arabisant de se souvenir aisément de ses enseignements.
Page après page, on trouvera ainsi le rappel d’un ensemble de pratiques et de récitations qui peuvent constituer un mémento permettant au croyant d’orienter sa vie et qui lui fourniront, s’il est rattaché à une confrérie, un support de réalisation spirituelle quotidien. Pour toutes ces raisons Les chemins du Paradis (Masâlik al-Jinân) est un texte indispensable qui se doit de figurer aux côtés des grands traités théologiques de l’islam voire peut remplacer bien de ceux-ci.
En effet, d’une part, ce livre résume les enseignements dont a besoin le musulman pour avancer dans sa quête de Dieu, tirant la substantifique moelle des différentes sciences traditionnelles, dans ce qu’on est convenu d’appeler l’adâb, le respect des convenances divines. Il jalonne et fonde son propos sur les sources auxquelles l’auteur se réfère : le Coran et les paroles du Prophète et rappelle les cinq piliers de l’islam et les devoirs du musulman s’y rapportant. Mais, d’autre part, il le fait de façon éclairée par la lumière prophétique et synthétise ainsi une part considérable du patrimoine soufi. Le lecteur y trouvera d’ailleurs la référence à quelques-uns des grands maîtres du taçawwuf : à commencer par al-Yadâlî al-Daymânî dont cet ouvrage est la mise en vers d’une de ses œuvres, Le Sceau du Soufisme (Hâtimat al-taçawwuf), mais également des imams vénérés tels que Ibn ‘Atâ` Allâh al-Iskandarî ou encore Abû ?âmid al-Ghazâlî.
Dans son entier, ce livre a pour but de dispenser de l’étude ou du recours à d’autres traités qu’il synthétise ; comme il l’écrit lui-même : « Il contient entre autres sagesses du soufisme de quoi nous dispenser de tout autre ouvrage, ou peu s’en faut ». Ce recueil n’est, de fait, pas un simple livre, mais un condensé de règles de conduite destinées à être mises en pratique par son lecteur. Il s’inscrit dans un double ancrage, ésotérique, mais également exotérique et attaché à la doctrine malékite, comme en témoignent de multiples allusions tout au long des six cents premiers vers. Ces derniers traitent de nombreux actes de piété tels que la prière rituelle, les nombreuses facettes de l’aumône en islam, ainsi que la lecture quotidienne du Coran, ce qui confère à cette œuvre la vertu d’un guide pratique sans pour autant occulter d’informer le croyant du sens profond de ces pratiques dévotionnelles. Il se prolonge par un ensemble visant à établir, de plus, la légitimité du soufisme en islam : « Une voie ne devient pas impraticable parce qu’une fourmi refuse d’y marcher ».
La mise à disposition d’un tel texte au public francophone permet de relier l’identité culturelle spécifique de l’œuvre d’Ahmadou Bamba, figure fondatrice du confrérisme soufi sénégalais, à l’universalité de la tradition spirituelle musulmane. Cette traduction transcende ainsi en effet les frontières des cultures et des préjugés.
La traduction du poème proprement est précédée d’une riche introduction de Didier Hamoneau, auteur par ailleurs d’un livre consacré au shaykh Ahmadou Bamba.
Elle est suivie d’une postface du traducteur à partir d’une conférence qui s’est tenue à Touba.
Cet ouvrage est le premier de la collection Liens réalisé en collaboration avec l’Institut asharite d’enseignement en ligne