Dardir

Il fut un important imam, le plus éminent de son temps dans les sciences rationnelles (‘aqliyyah) et transmises (naqliyyah). Il fut considéré comme le Chaykh des musulmans et une bénédiction pour l’humanité : c’est en ces termes particulièrement élogieux qu’il est présenté dans les notices bibliographiques. [Son patronyme complet est] Ahmad ibn Abî Hâmid Al-‘Adawî, Al-Mâlikî, Al-Azharî, Al-Khalwatî, connu sous le nom d’Al-Dardîr.
Il déclara lui-même être né à Banî Adi en 1127 de l’Hégire (XVIIIe siècle grégorien).
Il mémorisa le Coran, le maîtrisa et aimait la connais-sance. Il assista aux cours des savants à la Grande Mosquée d’Al-Azhar. Il émit des avis juridiques (fatâwâ) du vivant de ses maîtres, ce qui en dit long sur sa maîtrise. Il assista aux cours des Shuyûkh, Ahmad Al-Milawî et Al-Jawharî, mais il fréquenta principalement deux maîtres : Al-Hafnî et Al-Sa‘îdî Al-‘Adawî.
Il écrivit plusieurs ouvrages dans différents domaines comme la théologie, le Droit, le Coran, le soufisme, la langue arabe...
L’Imam Ahmad Al-Dardîr est surtout connu pour avoir écrit un poème didactique en matière de croyance islamique qu’il a intitulé « La perle magnifique » (Al-Kharîdatu-l-bahiyyah). Il a lui-même rédigé un commentaire détaillé de ce poème, très précieux et bénéfique, dont aucun étudiant en science ne peut se passer.
Dieu a accordé à ce livre le succès, il s’est répandu et est devenu célèbre dans le monde islamique tout entier. Pratiquement toutes les institutions académiques presti-gieuses enseignent ce livre à leurs étudiants et les ensei-gnants exhortent leurs élèves à le mémoriser.
Comme il est d’usage parmi les érudits, lorsqu’un livre se répand et gagne en notoriété dans le monde islamique, ils rédigent des commentaires et des annotations pour donner à l’ouvrage la qualité d’une référence scientifique crédible selon leur école.
Ce fut également le cas pour le poème « Al-Kharîdah » et son commentaire par l’imam Al-Dardîr. Les vérificateurs aguerris (muhaqqiqûn) ont fait montre d’un grand intérêt à commenter et annoter ce livre.
Le lien entre la « Kharîdah » d’Al-Dardîr et le commentaire de La croyance en islam d’Al-‘Uqbâwî est très fort. En effet, le cheikh Mustafa Al-‘Uqbâwî s’est appuyé sur l’explication d’Al-Dardîr de la « Kharîdah » pour sa propre explication de La croyance en Islam. On peut dire que le commentaire d’Al-‘Uqbâwî est un résumé du commentaire de la « Kharîdah » de Dardîr.
Plus récemment, le Chaykh contemporain Sa‘îd Fuda en a composé un commentaire très bref à l’attention des étudiants qu’il glosa et annota.
Lorsque l’imam ‘Alî As-Sa‘îdi décéda, la place de Chaykh des malékites revint naturellement à Al-Dardîr, mufti et superviseur de la fondation pieuse (waqf) des Sa‘îdî, du nom de la localité. Il était également le Chaykh des malékites au collège (riwâq) qui leur était consacré à Al-Azhar. Dans les faits, il était le Chaykh de toute l’Égypte de son temps. Il ordonnait le bien et inter-disait le mal, proclamait la vérité et ne craignait per-sonne dans la voie de Dieu. Il fournissait sans relâche des efforts dans cette voie. Il fut alité jusqu’à son décès le sixième jour du mois de Rabi‘ al-Awwal en l’an 1201 de l’Hégire (1786 de l’ère grégorienne). On pria sur lui à la mosquée Al-Azhar lors d’une cérémonie impression-nante de monde.