Yakov Rabkin
Le sionisme en 101 citations
Ce recueil de lecture aisée résume ce que sont le sionisme et ses enjeux en 101 citations, brièvement commentées par l’auteur. Tirées de textes historiques, elles vont des origines de ce mouvement à la violence des dernières déclarations de l’État israélien. Il en résulte un ouvrage indispensable à quiconque souhaite comprendre les racines du conflit actuel et ce qui se joue en Israël et en Palestine.
Concept et phénomène déroutant pour plus d’une personne, la réalité du sionisme varie selon les perspectives. Certains le considèrent comme l’apogée de l’histoire juive, d’autres comme un mouvement de libération nationale, d’autres encore comme la dernière forme du colonialisme. Certains, comme Joe Biden, sont fiers de se déclarer sionistes, alors que c’est une insulte pour de nombreux juifs pratiquants de Jérusalem, de Brooklyn ou d’Anvers. Existe-t-il un rapport entre sionisme et racisme ? Y être opposé est-il une forme d’antisémitisme ? Ce sont quelques-unes des nombreuses questions, mais non les moindres, que pose le présent ouvrage.
Le sionisme, mouvement politique né en Europe centrale à la fin du XIX? siècle, continue en tout cas d’attirer l’attention du public à travers le monde. La raison en est évidente : ce mouvement a donné naissance à l’État d’Israël et son idéologie demeure officielle. Elle est ancrée dans la législation nationale et constitue une condition sine qua non pour participer à la vie politique du pays. L’opposition au sionisme est si mal perçue qu’en février 2025, la police a fait irruption dans les locaux d’un groupe juif ultraorthodoxe à Jérusalem et a confisqué livres, brochures et drapeaux palestiniens, bien que les membres de ce groupe non violent ne représentaient aucune menace pour l’État sioniste.
Ce bref recueil permet au lecteur de découvrir les racines religieuses – en l’occurrence protestantes – du sionisme. Il présente également les idées des pères fondateurs du mouvement et de ses premiers leaders, dont bon nombre deviendront des dirigeants de l’État d’Israël. Mais il donne aussi la parole aux sionistes chrétiens, ainsi qu’aux leaders du monde occidental qui se réclament du sionisme tout comme aux opposants juifs à ce dernier et, bien entendu, aux victimes de la colonisation de la Palestine.
Le livre s’articule en plusieurs chapitres : tout d’abord, les origines chrétiennes du sionisme et la christianisation des juifs. Il met à cette occasion l’accent sur les priorités géopolitiques des protestants anglo-saxons du milieu de XIXe siècle et leur rôle dans la naissance de ce mouvement puis son développement. Il montre ensuite comment il a réuni, au tournant du XXe siècle, ses fondateurs juifs (le plus connu étant Herzl) et les nationalismes européens. Il répertorie ensuite les bâtisseurs du projet sioniste tels que Ben-Gourion et Jabotinsky, mais aussi ses détracteurs au sein de la communauté juive, et traite des effets politiques qui ont découlé de celui-ci avec l’implantation des colonies sionistes en Palestine et la création de l’État d’Israël grâce à l’appui occidental. Le livre présente, bien entendu, les réactions arabes à ce projet dont découle, devant les yeux du monde, le génocide en cours. Plusieurs citations tant de chercheurs que de politiciens mettent en relief les origines des tendances fascistes au sein de la société israélienne. Sa dernière partie esquisse le déclin et le ressort du sionisme au tournant du XXIe siècle et sa place incontournable dans la politique internationale. En conclusion, il montre comment le sionisme divise les juifs et consolide aujourd’hui les évangélistes protestants.