Sharani
Lettre ouverte aux prétendus soufis
Traduit de l’arabe par Hamid Redouane
Dans les premiers temps de l’islam, nul ne prenait la fonction de guide avant d’avoir étudié en profondeur les sciences religieuses qu’il devait enseigner.
Sharani
Le soufisme, devenu tendance et « à la mode », tend à revêtir une apparence dérivée désormais des courants néospiritualistes actuels. Certains de ceux qui s’en déclarent les représentants tendent à le dissoudre dans le mouvement new age et ses dérivés. Qushayri déclarait, dès les premiers siècles de l’islam, que « le soufisme est mort ». On n’ose imaginer ce qu’il écrirait aujourd’hui et même se demander s’il écrirait tout court. S’il demeure encore des maîtres spirituels, il ne reste plus guère de disciples.
Le présent recueil soulignait déjà voilà bien des siècles une tendance qui est devenue majoritaire aujourd’hui : se servir du soufisme pour se mentir à soi-même au lieu de lutter contre son ego et ses pièges. Ce sont ces nouveaux tartuffes du monde de la spiritualité, hypocrites et autres usurpateurs, dont il est question dans la traduction partielle de ce traité. En ce sens, il est d’une utilité permanente pour tous ceux qui s’intéressent à la spiritualité et veulent comprendre comment certains se servent d’un rattachement à une confrérie pour renforcer leurs travers confirmant ainsi, si besoin, que « rien ne brûle en enfer que le moi ».
Ce volume constitue une critique prémonitoire de la récupération du soufisme par ceux qui s'en servent pour ne pas se regarder en face. Il constitue au passage un rappel de la signification intérieure des fondements de la religion musulmane. Écrit au Xème siècle ce texte retrouve aujourd'hui une étonnante actualité. Un livre inédit d'un grand auteur du soufisme qui mérite d'être relu aujourd'hui.
En résumé, un texte accessible à tout simple musulman comme à toute personne qui souhaite comprendre ce qu’est l’islam et qui vient compléter l’autre ouvrage du même auteur publié par éditions i : Les secrets des cinq piliers de l’islam (traduit par A. Gouraud)
Sharani (Le Caire, 1493-1565) compte parmi les plus éminents saints et maîtres de l’islam. Reconnu comme un vivificateur de la tradition musulmane, rattaché au courant spirituel d’Ibn Arabi, l’œuvre de Sharani compte plus de trois cents ouvrages couvrant toutes les sciences sacrées de l’islam, de la métaphysique au droit en passant par le soufisme.